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L'Eddy de Pretto, ça claque non ?


Regardez bien. Vous les voyez ? Familles au grand complet, père et mère flanqués de leur pré ado
sautillant. Jeunes gens, jeunes filles en couple. Amoureuses qui s’embrassent avec délicatesse, étudiants en bande, grands-parents au petit fils à sweat à capuche et jean flottant, responsables d’association flanqués de leur troupe.
Des adultes, des enfants, des gaffets, des vieilles et vieux. Au moins trois générations de toulousains, ariégeois, commingeois, montalbanais. Des ruraux, des urbains, des locaux. Des gay, bi, en questionnement, en transition, des hétéro, … Le Zénith est complet. Nous sommes 8000.
Nous frémissons d’impatience et de joie. Ça rigole fort, ça parle fort. Ça arrive par grappes, les marches grimpées à grandes enjambées. Il y a les assis comme nous, loin de la scène (on s’en fout, on est heureux). Il y a ceux debout dans la fosse au loin. Les aficionados. Plus jeunes sûrement.
Il y a les surexcités, les organisés (sandwich et tablette de chocolat au fond du sac plastique). Nous on n’a rien prévu, qu’importe. On vient pas pour bouffer.
Ceux qui vivent leur premier zénith se reconnaissent à leur bouche ouverte. Ils badent en vision panoramique et absorbent tout de l’espace immense.
C’est encore l’attente. La joyeuse effervescence. 

Et puis l’arrivée d’Eddy de Pretto (quel nom quand même, ça claque, non ?). Sa voix d’abord. Pleine, basse et articulée. Pas de lumière encore. Sa voix suffit à apaiser les impatiences. Plus personne ne bouge dans les rangées. Ça ne va pas durer. 
Les lumières tournoient et nous arrivent pleine face. Le jeu de scène, les chansons toutes connues. La foule fervente renvoie ses phrases scandées. Mamere mamere mamere mamere mamere mamere mamere mamere… Je ne peux pas m’empêcher de regarder autour de moi. Que disent les mères ? Elles chantent. Je chante aussi. 
La jeune femme sur ma gauche articule à pleins poumons, debout et les mains jointes, comme en prière. Les filles devant moi se balancent, bras graciles levés et têtes collées. C’est la fête de trop ! Sur ma droite, un frêle adolescent, silhouette d’Harry Potter, fixe intensément la scène. Tu seras viril mon kid. Je ne veux voir aucune once féminine...
Eddy de Pretto balance ses syncopées, chante tout de ses amours, ses peurs, ses nuits. La foule l’absorbe et boit ses phrases. Les grappes de têtes. Les mains en l’air, les regards figés. C’est beau. Tu hisseras ta puissance masculine - Pour contrer cette essence sensible - Que ta mère nous balance en famille…
Me dis que des grands malades humanophobes pourraient venir nous tuer. C’est quoi les armes des fous homophobes, lesbophobes, transphobes déjà ? Des Kalachnikov ? L’immense chanteur a la
casquette y passerai d’abord, puis nous tous : les gays assumés et en devenir, les lesbiennes, les trans, les parents, amis, mamies, les solidaires, les concernés, #LGBTQI ou pas. C’est l’effet Bataclan. Faut que j'arrête la cogitation inutile, me raccroche aux paroles.
Souvent je mens pour faire croire à mon dedans qu'il vit démesurément et qu'il peut même plaire à plein temps. 
Le Zénith chante, rit, s’émeut, pleure aussi. J’oublie mes craintes.
Il réussit ça l’Eddy. L’amour de lui. De sa voix, de ses mots, de son histoire projetée, ses doutes envoyés en plein dans notre gueule. Que des gens qui m'évoquent un beau moi sans effort. C’est l’écho qui résonne en nous. Une fièvre douce qui serre le cœur.
L’instant ne finira pas. Ne devrait finir jamais. Les mots chantés, émotions décryptées pour une foule vibrante. Ces quelques heures ensemble où l’on a le droit de se reconnaître et se regarder sans crainte. Je vois les visages, les grands sourires, les visages émus, les corps apaisés. Je vois la joie expliquée.
Merci monsieur Eddy de Pretto. Nous sommes heureux de vous aimer.

Quant aux jeunes et aux bénévoles du Refuge, ils vous remercient encore pour les invitations au concert du Zénith + une bise également  à votre formidable manageuse Lucia S. 
















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